Le temps
s’écoule à une vitesse incroyable. On a beau se dire que parfois, on voudrait
que le temps passe plus rapidement, mais la vérité est que ça passe déjà trop
vite!
Je me
souviens de ma première journée universitaire. J’étais inscrite à Shippagan en
éducation avec comme majeur le français et une mineure en histoire. Je ne savais
pas ce que je pouvais faire d’autre, de toute façon. Bien que je ne la maîtrise
pas encore, et que je ne la maîtriserais jamais réellement, la langue française
est ce qui m’attire le plus. Je suis une écrivaine, alors c’est tout à fait
logique. Je me disais alors que de l’enseigner était le meilleur choix que je
pouvais faire. De plus, j’ai toujours été passionnée par l’histoire,
l’architecture, etc. Vous comprenez maintenant le choix de ma mineure.
Cependant, on peut bien penser que nous marchons sur un chemin droit, mais la
vérité est qu’il est parsemé de trou, de courbes, et que parfois, plusieurs
voies s’ouvrent devant nos yeux.
Je quittais
donc la maison familiale un certain matin d’août 2008. Les larmes ne se
tarissaient pas sur mon visage. La petite fille de dix-sept ans que j’étais
avait peur de l’inconnu puisqu’elle quittait la sécurité de son cocon pour la
toute première fois. Je ne crois pas avoir besoin de vous mentionner qu’elle a
survécu. Lorsque j’ai terminé ma première année universitaire, je savais déjà
que je choisissais une autre voie que celle de l’éducation. Une professeure
m’avait fait comprendre que la voie dans laquelle je me tenais n’était pas pour
moi et qu’un autre endroit me conviendrait davantage. Cependant, j’étais trop
effrayé pour quitter Shippagan et affronter la grande ville de Moncton. J’ai
donc décidé de continuer une année de plus sur ce campus en étant toujours
inscrite en éducation, mais en suivant tous les cours de littérature qu’il
m’était possible de suivre. J’avais besoin de savoir si j’avais acquis le
courage nécessaire pour me détacher complètement de mon village natal, puisque
Shippagan n’est qu’à côté. À la fin de cette année-là, je me savais prête.
Après m’être
fait dire par une madame qui travaillait à l’université de Shippagan que je
n’aurais pas d’avenir si je choisissais cette voie-là, j’étais davantage
convaincu d’avoir pris la bonne décision. J’avais envie de lui prouver à elle, ainsi
qu’à tout le monde, que oui, j’avais de l’avenir dans ma nouvelle voie et
qu’elle était pour moi! Une fois les papiers signés, mon transfert fut accepté
tout de suite. J’étais maintenant inscrite à l’Université de Moncton, campus de
Moncton, dans un baccalauréat en spécialisation en études littéraires.
C’est en
septembre 2010 que je suis arrivée à Moncton. Et vous savez quoi? Ce que je
craignais le plus à cette université s’est produit : je me suis perdue. Eh oui!
Pour une petite fille de campagne qui connait davantage le bois derrière sa
maison que les villes de sa province, même le campus de Moncton est effrayant!
Ce que j’ai fait? J’ai ris de la situation et de moi-même, puisque le tout fut
davantage drôle qu’effrayant.
Non, ça n’a
pas toujours été facile. La grandeur des lieux, l’adaptation à la vie de ville,
la quantité d’élèves, le niveau et difficulté… Tout ça a été des défis à
relever, mais je l’ai fait. J’ai tout relevé! Et bizarrement, ce n’était pas
assez pour moi. Une fois mon aventure terminée, j’en demandais plus. J’avais
terminé mon baccalauréat. J’étais bachelière en spécialisation en études
littéraires et ce n’était pas suffisant pour moi. Je me suis assise dans ma
faculté et je me suis mise à regarder partout. Je voyais, autour de moi, plein
de nouveaux défis. Et c’est à ce moment-là que j’ai décidé de m’inscrire pour
une maîtrise. Oui. La petite fille qui avait peur de quitter son village natal
venait de prolonger son séjour pour encore deux ans.
J’ai tout de
même débuté lentement, parce que j’étais épuisée de la fin de mon bac qui ne fut
pas de tout repos. C’est aujourd’hui, en remettant l’avant-dernier projet final
de ma maîtrise, que je réalise à quel point tout à passer vite. Je me suis assise au même endroit que je l'avais fait à la fin
de mon bac, et j'ai ressenti que l'université n'avait plus rien de plus pour
moi.
La semaine
prochaine, je remettrai mon dernier projet. Je quitte définitivement les bancs
d’école. Je suis à une thèse de mon diplôme. Une thèse que j’ai offerte à ma
grand-mère Dugas en travaillant sur son roman. Je suis à presque deux diplômes
de plus que celle que j’étais ce matin de septembre 2008. J’ai surmonté
plusieurs de mes craintes et j'ai réussis à relever tous mes défis.
Oui, le temps
passe trop vite. Je n’ai absolument pas vu passer ces dernières années. Parfois,
je me sens comme si j’ai rêvé pendant six ans et que je me réveille avec plein
de connaissances nouvelles. D’ici un an, qui je sais passera comme du vent, je
serai une maître de la littérature.
Bon but
maintenant? Prouvez à cette madame de l’université que j’ai un avenir là-dedans
et que je vais briller. J’espère que le jour où elle tiendra mon roman ou
qu’elle verra ma maison d’édition, qu’elle se souviendra de qui je suis.
L’université m’a appris mes forces et mes faiblesses et ma montrée ma voie à
suivre, et ça, je considère que c’est le plus bel apprentissage que je pouvais
faire.
Je me lève le
matin et je me couche le soir en sachant exactement ce que je veux faire pour le
reste de mes jours. C’est à moi, maintenant, d’utiliser ce qui me reste de temps
pour accomplir mes rêves.
Voulez-vous
rêver avec moi?
P.-S. Mon prochain défi? Publier mon roman! Le dénouement est proche, je le sens! :)